Exposition du 4 mai au 19 juin 2016 - Vitrine 7 place du Parlement, Bordeaux
Benjamin Artola - Piège de crystal
Artiste pluridisciplinaire, Benjamin Artola cherche à créer des rencontres inhabituelles dans son travail. Il confronte, en fouillant dans son adolescence des années 90, culture populaire et culture d’élite, mélange souvenirs, réalité et fiction avec humour et dérision, fabrique des univers psychédéliques où se confond parfois le bleu des océans et celui des éléments cosmiques.
L’artiste troque ici les crayons et les feutres qu’il affectionne pour un ruban, l’un des cinq engins utilisés en gymnastique rythmique. Inlassablement fouettée, la bande de satin dessine des circonvolutions à la manière d’un serpent possédé et semble dilater l’espace clos de la vitrine.
Les flux cadencés des ondulations et des spirales sont autant d’échos à l’eau vive des rivières, au déferlement de la houle ou au mouvement des corps célestes, récurrents dans le travail de l’artiste. « Les mers et les océans restent une partie inconnue de notre propre terre et à la manière de l’univers, cette invisibilité construit un potentiel propice au bruissement de l’imaginaire. Dans l’océan comme dans le ciel, les éléments filent dans une apparente immobilité que seuls les moments de contact avec notre atmosphère rendent visibles. » (1)
Les motifs apposés par l’artiste sur la totalité du ruban renvoient à sa pratique du dessin, jubilatoire et colorée, aux mouches artificielles ou aux poissons tropicaux, un bariolage vibrant qui renforce l’effet hypnotique des mouvements ondulatoires.
Contrairement à l’exécution du gymnaste il n’y a guère ici de «sortie» ébouriffante à la fin de l’enchaînement, ni de dernier «shoot» avant le poser du pêcheur à la mouche, juste le mouvement perpétuel et mécanique d’un ruban qui tournoie inlassablement dans le vide, un leurre inoffensif qui capte le regard, charme et déroute tout à la fois, provoquant chez le spectateur consentant un état proche de la transe.
(1) Anthony Lenoir