Mrzyk & Moriceau - Neptunea, Refuge périurbain #10 - 2017
Étude et production - Bordeaux Lac
Dans le cadre du projet des Refuges périurbains, Mrzyk & Moriceau élaborent une architecture-sculpture aux allures de gastéropode géant.
Pour l’imaginaire, le coquillage connecte deux mondes : la coque opaque de l’animal suggère une vie au-delà du regard, le rapport ambigu entre une coque solide, protectrice, exposée, et une masse molle, flexible, vulnérable, intime. Inspirée de la grande famille des Neptunea, le petit habitacle imaginé par les deux artistes dresse ses parois diaphanes dans un élan spiralé aux courbes douces, qui évoquent par analogie d’autres formes, de la glace à l’italienne aux nuages cycloniques ou aux bras des galaxies. Dans la nature, il n’y a pas d’angles droits.
Cette maison coquillage s’inscrit aussi dans le sillage d’architectures non-fonctionnalistes, qui prônent un habitat fluide, qui recrée le lien avec le ventre maternel, la coquille protectrice, le nid. Elle rappelle d’autres architectures-sculptures de constructeurs utopiques tels Pierre Szekely, Jean-Louis Chanéac, Antti Lovag ou Pascal & Claude Haüsermann. Ces derniers, précurseurs de la maison coque, ont conçu les plans de la Maison Unal, qui inspira directement Annette Tison et Talus Taylor pour la demeure des Barbapapa. La maison coquillage doit beaucoup à ces «maisons bulles» aux formes organiques, ce que l’on nomme parfois la Blob architecture.
Posée en équilibre sur le bord d’un plan d’eau, la maison-coquillage semble tout droit sortie de son biotope originel : toutefois, par son échelle surnaturelle, cette apparition opère un basculement propre à l’univers des contes ou de la SF. Logis magique, l’œuvre nous entraîne à la rencontre d’un monde où les normes vacillent — une maison fantasmatique où le flux de notre sang bat sans doute très différemment quand on y porte l’oreille.
Les artistes
À la fin des années 90, Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau se rencontrent aux beaux-arts de Quimper. Ils débutent rapidement leurs jeux graphiques à quatre mains, devenant le duo inséparable que l’on connaît aujourd’hui. Leurs dessins aux traits souples et à l’encre noire plongent le spectateur dans un univers foisonnant, où les corps sont en perpétuelle mutation, où l’humour se teinte d’accents surréalistes. Sur fonds monochromes souvent dénués de décors, ils libèrent des créatures paisibles aux proportions inhabituelles, distordues ou hybridées : des plantes extraordinaires croisent des animaux-satyres, des anatomies fragmentées jouent avec la plasticité de leurs formes, soumises au principe de l’étrangeté. Ils ne négligent aucun support : wall drawings, films d’animation et clips, installations, bijoux, application I- phone… En 2012, les artistes signent leur première œuvre dans l’espace public, Lunar Tree, un grand arbre nu qui devient phosphorescent une fois la nuit tombée.
Réservation pour une nuit (gratuit) sur lesrefuges.bordeaux-metropole.fr
Accès : 55 Boulevard Jacque Chaban Delmas 33520 Bruges
Tram C les Aubiers puis 10 mn à pied ou Liane 15 arrêt Centre de voile
Site accessible uniquement à pied ou en vélo.
Le Refuge est sommaire et ne dispose ni d’eau, ni d’électricité, ni de chauffage
Commodités : toilettes sèches à 100 m
Capacité : 6 personnes (1 couchage collectif)
Information and booking (free) on lesrefuges.bordeaux-metropole.fr
Le projet des Refuges périurbains est une initiative de Bruit du frigo, menée en collaboration avec Zébra3. Il est accompagné et financé par Bordeaux Métropole, avec la participation des communes hôtes.